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La Pelote et la Trame

2015

Publication de recherche collective, réalisée dans le cadre de la Coopérative de recherches de l'ESACM (Clermont-Ferrand, France).

Avec Tiphaine Calmettes, Mathilde Chénin, Marina Guyot, Louise Hervé & Chloé Maillet, Pierre Frulloni, Guillaume Robert, Lucia Sagradini.

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Préambule. La Pelote et la Trame. Deux états d’un même fil. Deux agencements d’une même recherche. Comme souvent, l’important réside dans le « et ». Il pourrait tracer entre ces deux termes un lien causal et linéaire qui articulerait dans le temps le passage de l’amas lisse, compact et enchevêtré au tissage structuré et structurant. Comme si l’un devait succéder à l’autre et que le devenir du premier ne pouvait s’envisager que dans la formulation du second. Il y aurait dans le tricot, comme dans la recherche, un mouvement de l’écheveau au pull-over.

Pourtant les cheminements propres à la recherche — quels que soient la visée, les moyens ou les territoires qu’elle arpente — ne sauraient se limiter à cette seule direction, celle qui mène de l’entrelacs à la grille. La trame accueille, donne forme ; la pelote fournit la matière en se dévidant. Il y a du va-et-vient entre elles, et de la simultanéité souvent. Quelque chose de la recherche travaille son territoire entre ces deux pôles, dans leur mise en tension. Celui qui cherche y déplace le curseur, à tâtons, visant là une téléologie tendue par une forme, s’étoffant ici de matériaux bruts, de noeuds et de surgissements. Il s’agit alors d’autoriser une mise en mouvement des formes et des pensées qui ne se satisfait pas de flux dirigés, de cartographies pré-établies, de formats institutionnalisés, mais dont la dynamique se forge au contraire au gré de la pratique et de l’expérimentation.

À chaque recherche sa forme donc, ses nécessités et ses outils. Ce sont ces outils singuliers et en construction, ceux qui ont permis nos parcours, que La Pelote et la Trame entend rendre visibles. C’est par eux semble-t-il que peuvent se dessiner les contours non exhaustifs de ce que serait une recherche dite « de l’art par l’art ». D’un texte à l’autre, au gré des auteurs et de leur collaboration ponctuelle, la focale qui les fait apparaître varie, tour à tour mis en jeu par un mouvement réflexif (titres en rouge) ou bien actionnés de l’intérieur (titres en vert).

La Pelote et la Trame est un ephemera qui ne paraîtra qu’une seule fois. Publié en octobre 2015, il a été finalisé en juin 2015 par la Coopérative de recherche de l’ESACM. Cette coopérative invite pour un an des artistes et des théoricienNEs à venir croiser leurs recherches avec celles d’étudiantEs chercheurs
engagéEs dans une temporalité plus longue. Elle fait le pari d’un commun qui ne serait pas donné d’avance, qui ne se nouerait pas autour d’une problématique serrée, délimitée, mais qui surgirait aux interstices, aux alentours de la recherche de chacunE. La Pelote et la Trame procède de tels croisements au sein d’un nous temporaire et de circonstance.

Si La Pelote et la Trame est un journal, la linéarité de sa lecture porte en elle quelque chose d’accidentel. Sa composition, imaginée par Mathilde Chénin et Guillaume Robert, s’est élaborée à pages déployées. À plat, à l’horizontale et des deux côtés. Autour de sa page centrale, qui tient lieu d’axe organisateur, gravitent toutes les autres. Au recto, c’est autour d’un glossaire que se mettent en réseau, au gré de liens colorés, traversants et souterrains, les outils de la recherche. Ils se déploient au fil de constellations en devenir, de périples mythologiques et pédestres, de paysages de hautes ou moyennes montagnes, de prismes filmiques ou de corps révoltés et en furie. Au verso deux ensembles, deux manières de travailler à l’endroit même de l’échange, au sein d’un laboratoire d’images entre Tiphaine Calmettes et Pierre Frulloni, et d’une correspondance fragmentée à la recherche de plusieurs voix.

De ces passages entre le cahier et la carte, de ces focales multiples, de cette pulsation entre lien et
hiatus, s’engage un mouvement oscillant entre une pelote, faite d’aspérités et de régurgitations, et une trame qui n’a de cesse de se filer.

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