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CLOb (Collective Large Object)

2013

Programmation : Bachir Soussi-Chiadmi et Sarah Garcin (g.u.i.)

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CLOb est à la fois l’objet et le moyen de le construire.
CLOb se partage avant, pendant et après son exécution.
CLOb est un chantier et un lieu de tournage.
CLOb n’est pas un temps de monstration, mais de faire partagé.
CLOb construit des objets collectifs, qu’ils soient tangibles ou immatériels.

Lors de l’exposition collective BUDDLEIA ! (cri de guerre), CLOb invite celles et ceux qui le souhaitent à construire ensemble une structure géodésique, qui deviendra à terme une serre collective pour le jardin Ecobox (Paris, 18e).

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Outre la relative économie de moyens qu’implique sa construction, le choix du dôme géodésique tient au fait que ce dernier évoque, dans son architectonie et de part les logiques constructives qui régissent son élaboration, l’espace et le travail du commun : un large espace à investir, laissé vide en son centre par la faculté de cette structure à s’autoporter, à se stabiliser non pas par la résistance de chacun de ses éléments pris individuellement, mais par la répartition, par l’équilibre des jeux de forces et de tensions au sein de cette dernière. Le dôme, comme tout objet collectif ne tiendra, ne se maintiendra, que si cet équilibre est mis à l’œuvre entre les différents éléments qui le constituent.

Le dôme géodésique, tel que l’a conçu Richard Buckminster Fuller, est une architecture exigeante, qui doit en grande partie son caractère autoportant à la précision de ses mesures et de ses angles. Il est ainsi habituellement conseillé de le réaliser à partir de matériaux usinés, standardisés, identiques. Le choix a été fait ici d’utiliser, autant que faire se peut, des matériaux de récupération. Pas d’usinage standardisé donc, le choix du recyclage a imposé une méthode de construction sur-mesure. Chaque élément constructif est singulier, tous diffèrent en épaisseur, largeur, qualité de bois, poids, etc… Chaque tasseau prend ainsi une place déterminée au sein de la structure, repérable par le biais d’une notation précise de son emplacement et de son sens d’accroche. Un plan de montage propre à cette structure est établi, sous forme d’une notation et d’une cartographie des nœuds.

Du fait de ces choix de construction, le CLOb d’Ecobox demeure précaire et bringuebalant. L’équilibre au sein de sa structure globale ne se réalise qu’une fois assemblé l’ensemble des éléments, qu’une fois posé l’ultime boulon. Sans l’engagement physique de celles et ceux qui s’emploient à le construire, sans leur concertation verbale et kinesthésique, sans le déploiement de leur énergie collective, le dôme ne peut prendre forme. Si le dôme géodésique apparaît comme un espace/une forme relationnelle par excellence, il l’est aussi sur le terrain très concret de la géométrie. Cette dernière nous apprend en effet que son polyèdre générateur est l’icosaèdre (volume géométrique composé de 20 faces triangulaires de même dimension).

L’icosaèdre, quant à lui, définit, dans le travail de Rudolf Laban, l’espace dynamique du corps, la kinesphère, ou dit plus simplement l’espace du corps, «l’espace accessible directement aux membres d’une personne, qui s’étend tout autour d’elle, jusqu’à l’extrémité de ses doigts et pieds tendus dans toutes les directions». Le volume de l’icosaèdre trace ainsi un trait d’union formel entre l’espace architectural du dôme et l’espace des corps de celles et ceux qui s’emploient à l’édifier.
La captation kinect vise à rendre visible cette correspondance entre espaces physiques et espace architectural.

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Crédits photos : Ouidade Soussi-Chiadmi et Pierre Friour