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Simon Fravega et moi collaborons depuis août 2013. Nous ne formons pas un duo pour autant, ayant jusqu’ici préféré la temporalité épisodique de nos rencontres au gré des invitations ponctuelles que nous nous faisons mutuellement.

Cette collaboration donne lieu à des performances, à cheval entre la conférence, le tutoriel, la confession et des formes théâtrales dégradées.

Nous développons une écriture qui tient lieu du collage, du montage au sens vidéographique du terme et qui se plait à faire se répondre des éléments hétérogènes et parfois dissonants.

Cette écriture puise ses matières au sein d'une recherche conjointe et gloutonne, menée principalement sur internet, au cours de laquelle, guidé_es par des principes d'analogie et de polysémie, nous collectons des fragments de textes, de gestes, de vidéos ou de bandes sonores, qui viendront par la suite la nourrir selon des logiques de prélèvement, de citation et de reenactment.

Qu'ils soient académiques, de gare ou issus d'anecdotes qui nous sont propres, nous abordons les différents champs de savoirs que nous traversons pêle-mêle et sans distinction. Imposture, tours de magie, danseurs de claquettes, parades d'oiseaux, langue des signes, echopraxie, discussions d'enfants jumeaux ou monologues de mainates bavards - pour ne citer qu'eux - sont autant de nourriture à nos questionnements tous azimuts sur ce qui fait lien entre geste et langage. A travers des notions et des pratiques telles que la traduction, l'interprétation, la transmission, l'imitation ou encore le travestissement, nous cherchons là les ingrédients nécessaires à une poétique du hiatus, du raté et du bégaiement.

Ensemble nous développons ce que nous pourrions appeler une pratique in-situ de la performance. Bien qu’elle prenne racine au sein de préoccupations et questionnements persistants que nous partageons, c'est au gré des lieux qui nous accueillent et des situations dans lesquelles nous sommes convié_es à intervenir que notre travail d'écriture se nourrit et prend forme. Ainsi, nous n'avons jusqu'à présent jamais joué deux fois la même pièce. Tout au plus recyclons nous parfois certains de leurs éléments lorsque le contexte s'y prête. Les performances que nous proposons tiennent en cela de la maquette, de l'esquisse, du one-shot.

De la même manière, nous ne cherchons jamais activement à documenter nos performances. Pour certaines d'entre elles, nous n'avons conservé aucune image. En cela, nous ne nous préoccupons pas tant de ce que ces dernières fassent trace, oeuvre ou représentation, mais plutôt qu'elles viennent enrichir notre collection, notre boite à outils de matières et de matériaux.

Après avoir longtemps conféré une importance particulière à déployer nos espaces narratifs à partir de la situation qui est la nôtre, à parler depuis l'endroit même où nous nous situons, nous expérimentons aujourd'hui des formes d'écriture relevant de la fiction. Une figure, celle de l'interprète, y émerge jusqu'à devenir centrale dans notre travail. Qu'elle s'incarne dans le corps d'unE traducteur_trice, d'unE ornithologue, d'unE augure ou d'unE artiste, cette dernière nous apparaît comme un ressort nécessaire de la mise en récit du réel, de la voix à donner aux êtres, aux choses et aux phénomènes.

 
 
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