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La Maison des Artistes, Casa Nostra

Bureau d'études, Printemps des Laboratoires d'Aubervilliers "Ne travaillez jamais !", 10 mai 2014.

Projet de recherche, Coopérative de recherches de l'ESACM module Les mondes du travail (Clermont-Ferrand, France), 2014-2015.

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La Maison des Artistes, Casa Nostra est un projet de recherche au cours si long qu'il se confond avec celui de mon quotidien.

Cette recherche prend pour point de départ et pour objet d’étude les pratiques de fraude des artistes à leur statut juridique, tel que ce dernier est défini par des organismes tels que la Maison des Artistes ou encore Pôle Emploi.

J'entends par pratiques de fraude tous les détournements, contournements, maquillages, tous les petits arrangements que certain_es, dont je fais partie, empruntent, la plupart du temps de manière individuelle, afin de répondre et correspondre aux cadres administratifs qui définissent les contours légaux de notre activité, de notre « faire artiste » et fixent par là en partie notre existence sociale, économique et parfois même intime.

Au cours de cette recherche, je me suis plus particulièrement intéressée aux fraudes touchant au temps de travail, au temps au travail : ce qu’il est dit de la manière dont les artistes occupent ou doivent occuper leur temps de travail, afin que ce dernier soit artistiquement productif.

Plusieurs interrogations sous-tendent cette recherche :

- Le statut artiste définit-il les contours de ce qui serait un « nous artiste », un commun qui penserait les conditions de son apparition et les modalités de sa survivance — à la manière dont des intermittents investissent l’espace de leur statut comme un espace de luttes politiques et collectives, un lieu d’où lancer des adresses au vivre ensemble ?

- Comment organiser la fraude, comment renverser la gestion que nous faisons de nos quotidiens pour en faire un outil de lutte ?

- Quelles devraient/pourraient être ces institutions afin d’accueillir pleinement les pratiques artistiques telles qu’elles existent aujourd’hui dans leur complexité, leur hybridation, leur flou, la manière dont elles débordent des catégories pré-établies et habitent si fréquemment les frontières ?

Comment donner forme à une maison qui serait véritablement la nôtre, qui ne viendrait pas s’imposer à nous, mais qui prendrait la forme de ce que nous faisons ?

La question sous-jacente que je me pose ici est : peut-on penser un espace collectif, relationnel, un espace de collaboration comme on construirait une maison, c’est à dire en terme tangibles, concrets, constructibles ?

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Pour télécharger le premier chapitre de cette recherche, cliquez ici.

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Cette recherche s'est d'ores et déjà déployée à différentes occasions et selon différentes modalités, comme la tenue d'un bureau d'étude et de collecte des pratiques de fraude lors du 2e Printemps des Laboratoires d'Aubervilliers (2014) ; ou encore la mise en place d'un Atelier Technique Sieste, un lieu d'expérimentation d'une fraude temporelle au temps scolaire, au sein de la Coopérative de recherches de l'ESACM (Clermont-Ferrand, 2015).
En 2016, elle donne lieu à la production de protocoles d'actions tel que Le texte est la facture, en collaboration avec les Laboratoires d'Aubervilliers.

 
 
http://www.mathildechenin.org/files/gimgs/th-68_MDA_CN_projet.jpg