Mathilde CHÉNIN

Nouvelles Solidarités Alimentaires (NSA) est un projet de recherche-action qui rassemble des chercheurs, artistes et acteurs engagés dans la lutte contre la précarité, pour concrétiser le droit à l’alimentation à Genève. Il a pour ambition de fournir des données clés pour l’élaboration d’une politique publique transversale en matière d’alimentation à l’échelle cantonale.

Le projet est porté par un groupe de chercheur·euse·s issu·e·s de 3 Hautes Écoles Spécialisées de Genève (la Haute École de Travail Social ; la Haute École d’Art et de Design ; la Haute École de Santé). Nous collaborons à cette occasion avec Caritas Genève, les Colis du Cœur et la Fondation Partage.

Le projet émerge dans le sillage de l’adoption d’un droit à l’alimentation dans la constitution genevoise en juin 2023, qui établit que chacun·e devrait avoir accès à une alimentation suffisante et adéquate, c’est à dire qui correspond à ses besoins et ses préférences. Dans ce cadre, NSA vise à identifier, pour les personnes subissant des formes de précarité alimentaire ce que signifie une alimentation adaptée et satisfaisante. 

Plus particulièrement ancré dans le quartier Saint-Jean Charmilles à Genève, le projet développe, pour ce faire, deux volets : 

1) un diagnostic territorial et cartographique à l’échelle du quartier visant à tracer les contours du paysage alimentaire de ce territoire ainsi qu’à rendre visible l’écosystème des initiatives existantes qui œuvrent sur le terrain des solidarités alimentaires ;

2) un dispositif pilote de monétarisation d’une aide alimentaire auprès de 30 participant·e·s, bénéficiaires d’aides sociales et/ou alimentaires. Ce dispositif vise à permettre à ces personnes d’expérimenter certaines offres (épiceries, cours de cuisine, etc.) et à imaginer des solutions appropriées. Cette expérimentation se fait au moyen de « bons alimentaires » d’une valeur de CHF 200.- perçus une fois par mois par les participant·e·s à l’étude. 

Les résultats de l’étude permettront de fournir des recommandations en vue d’orienter les politiques publiques pour l’application du droit à l’alimentation dans le canton de Genève. 

Au sein de ce projet de recherche-action, en plus de prendre part “en sociologue” à l’étude ethnographique, je mets en place des ateliers de cartographie collective et narrative avec les usager·e·s des associations que nous rencontrons, ainsi qu’avec les 30 participant·e·s de l’étude. Prenant au sérieux les connaissances qui se fabriquent dans la trame du quotidien, il s’agit ici de s’atteler à construire ensemble une représentation du territoire à partir des pratiques spatiales, des usages et des attachements qui fondent le vécu alimentaire des personnes concernées.

Après une première phase de terrain (Janvier – Juin 2025) qui nous a amené·e·s à la rencontre d’une trentaine d’acteur·rice·s institutionnels et associatifs qui œuvrent sur le terrain des solidarités alimentaires dans le quartier Saint-Jean Charmilles, nous débutons en octobre 2025 la phase expérimentale du projet. Nous accompagnerons ainsi pendant un an les 30 personnes qui participent à l’étude afin de mieux comprendre avec elles et eux quels communs, au sens élargi, se composent depuis la relation que nous entretenons à l’alimentation et aux aliments.

À la suite, notre contribution à l’édition automne-hiver du journal Quartier Libre, publié par la maison de quartier Saint-Jean Charmilles.